(0)
  • Aucun produit dans le panier.
Total:0,00

Françoise Sagan – Le classique #Bouton d’or

EN SOUVENIR DES AMOURS DE VACANCES, DE NOS PEAUX MOITES ET SALÉES DÉCOUVRANT LE PLAISIR, SOUS LE SOLEIL…
#LES CLASSIQUES BOUTON D’OR

5 juillet 2018

photo du film Bonjour Tristesse

Crédit : photo film Bonjour Tristesse

Françoise Sagan fait entendre sa voix pour la première fois en 1954 avec Bonjour tristesse, une voix qui va faire scandale, annonçant la libération sexuelle de la deuxième moitié du 20e siècle. A l’image de Cécile, dix-sept ans, l’héroïne de ce premier roman, c’est toute la société française qui sera bientôt déchirée entre le remords et le culte du plaisir. Au bord de la Méditerranée, d’une pinède embrasée de soleil, l’adolescente découvre le plaisir physique, tandis que le drame qui viendra clore cet été brûlant se profile.


Françoise Sagan,
 Bonjour tristesse (1954).

A deux heures, j’entendis le léger sifflement de Cyril et descendis sur la plage. Il me fit aussitôt monter sur le bateau et prit la direction du large. La mer était vide, personne ne songeait à sortir par un soleil semblable. Une fois au large, il abaissa la voile et se tourna vers moi. Nous n’avions presque rien dit :
« Ce matin…, commença-t-il.
– Tais-toi, dis-je, oh ! tais-toi… »
Il me renversa doucement sur la bâche. Nous étions inondés, glissants de sueur, maladroits et pressés ; le bateau se balançait sous nous régulièrement. Je regardais le soleil juste au-dessus de moi. Et soudain le chuchotement impérieux et tendre de Cyril… Le soleil se décrochait, éclatait, tombait sur moi. Où étais-je ? Au fond de la mer, au fond du temps, au fond du plaisir… J’appelais Cyril à voix haute, il ne me répondait pas, il n’avait pas besoin de me répondre.
La fraîcheur de l’eau salée ensuite. Nous riions ensemble, éblouis, paresseux, reconnaissants. Nous avions le soleil et la mer, le rire et l’amour, les retrouverions-nous jamais comme cet été-là, avec cet éclat, cette intensité que leur donnaient la peur et les autres remords ?…
J’éprouvais, en dehors du plaisir physique et très réel que me procurait l’amour, une sorte de plaisir intellectuel à y penser. Les mots « faire l’amour » ont une séduction à eux, très verbale, en les séparant de leur sens. Ce terme de « faire », matériel et positif, uni à cette abstraction poétique du mot « amour », m’enchantait, j’en avais parlé avant sans la moindre pudeur, sans la moindre gêne et sans en remarquer la saveur. Je me sentais à présent devenir pudique.

Vous aimerez sûrement