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Clara, croupière de casino et fondatrice des Editions Baghera

« J’AIME TRAVAILLER LA NUIT CAR IL Y A SOUVENT DES FOUS RIRES QUI SE DÉCLENCHENT »

8 janvier 2019

Clara, croupière de casino

(Crédit : Numéro Une)

Vitrailliste, performeuse, clown… Clara a travaillé plusieurs années dans le milieu de l’art avant de réaliser l’un de ses rêves : devenir croupière de casino. Artiste, touche-à-tout, passionnée, Clara nous a parlé de ce métier peu connu, de ses inspirations et de ses projets, avec une énergie qui donne envie de se donner les moyens de réaliser ses rêves. Une rencontre aussi pétillante que les yeux pleins de douceur et de malice de la jeune femme, qui nous a plongées dans le milieu de la nuit, des casinos, de la magie…

Clara, quel est ton parcours ?

J’ai suivi un parcours artistique dans une école d’Arts appliqués où j’ai obtenu un diplôme de vitrailliste. Puis je suis entrée aux Beaux-Arts de Lyon où j’ai rencontré une amie avec qui j’ai commencé à faire de la performance. C’est un art très difficile à vendre et j’ai rapidement réalisé que je ne parviendrais pas à gagner ma vie ainsi. J’ai alors décidé de faire des « boulots alimentaires » et de me réaliser en parallèle dans une production artistique totalement libérée de la problématique de l’argent, en continuant à pratiquer la performance et la céramique.
En sortant des Beaux-Arts, j’ai tout d’abord été monteuse d’exposition, puis j’ai été embauchée au centre d’art « Les laboratoires d’Aubervilliers », et ensuite par la chorégraphe Latifa Laâbissi. J’ai travaillé six ans dans le milieu de l’art. Puis j’ai décidé d’arrêter pour réaliser un rêve : me former au métier de croupière de casino !

Qu’est ce qui t’as donné envie d’exercer le métier de croupière ?

Mon travail plastique a toujours comporté une grande part de jeu et d’humour. Et partir travailler dans le milieu des casinos était aussi un petit pied de nez au milieu de l’art… Je me suis en effet toujours sentie proche du mouvement artistique Fluxus, qui n’existe plus aujourd’hui mais qui prônait une fusion entre l’art et la vie. Or, pour moi, être croupière est un moyen de fusionner ma pratique artistique et mon besoin de gagner de l’argent.
J’ai commencé ce métier en avril dernier, au Cercle Clichy Montmartre, l’un des derniers cercles de jeux parisiens. Malheureusement je suis aujourd’hui au chômage car le Cercle a fermé ses portes en octobre pour des raisons judiciaires, dans le cadre d’une enquête au cours de laquelle mon patron a été arrêté… Ma carrière de croupière a donc un peu commencé comme un polar !

En quoi consiste ce métier ?

La croupière est là pour animer les tables de jeux et les faire fonctionner. Elle est là pour expliquer les règles aux joueurs qui ne les connaissent pas, pour distribuer les cartes, pour faire tourner la roulette. Elle est le lien entre le casino et le joueur. C’est un métier très hiérarchique, organisé autour de chefs de table et de chefs de partie qui jouent le rôle d’arbitres pourrait-on dire.
Le métier varie en fonction du type de jeux : dans le cas du Black Jack, par exemple, la croupière représente le casino et joue contre les joueurs, alors que lors d’une partie de Poker Hold’em les joueurs jouent les uns contre les autres.
La principale mission de la croupière est de faire en sorte que les règles soient respectées. Il faut éviter les tricheries car il y a de l’argent en jeu : c’est donc un milieu très paranoïaque, aussi bien du côté du casino que du côté des joueurs.

Une anecdote à nous raconter ?

La croupière ne porte que des uniformes dont les poches sont cousues pour que tout le monde soit sûr qu’elle ne va rien voler. La garantie du caractère irréprochable de la croupière s’exprime également dans le rituel qui encadre chaque partie : en arrivant et en repartant de la table de jeux, elle doit poser ses mains et les retourner afin de montrer aux caméras qui surveillent en permanence les tables qu’elle n’a pas volé de jetons. On dit qu’elle fait « mains blanches ».

Qu’est-ce qui t’attire dans le milieu de la nuit ?

Premièrement, je suis une personne qui physiquement se sent mieux la nuit… Je n’aime pas me réveiller le matin ! La nuit, il y a moins de visibilité, tout est plus calme, on est moins sollicité…
Dans le casino où je travaillais, j’avais deux créneaux horaires : 14h-22h ou 22h-6h. Mais je préférais commencer à 22h car, plus on avance dans la nuit, plus la croupière et les joueurs fatiguent ensemble.
J’aime aussi travailler de nuit car il y a souvent des fous rires qui se déclenchent. Il n’est donc pas rare qu’aux alentours de 5 heures de matin je partage de gros fous rires avec des joueurs.
La nuit nous désinhibe, c’est le moment où l’on se lâche un peu plus. La nuit m’attire aussi car elle comporte une part de secret.

Quels sont tes futurs projets ?

Je vais débuter une formation de magicienne. Cela me rapproche encore du milieu de la nuit ! Las Vegas est d’ailleurs la capitale du jeu et de la magie avec 200 shows par soir. Être magicienne serait un bon mix entre mon métier de croupière, ma passion du jeu et mes performances en tant que clown. Je rêve de monter des spectacles humoristiques autour de la magie.
Je viens également de fonder une maison d’édition avec mon compagnon et une amie. Nous venons de sortir nos premiers livres ! Il y aura d’ailleurs une collection qui s’appellera Pisica (ce qui signifie « chatte » en roumain) dans laquelle nous publierons d’anciens textes féministes, voire pré-féministes, qui ont participé à l’émancipation des femmes.

Est-ce qu’il y a un livre qui t’a marqué en tant que femme ?

King Kong Théorie de Virginie Despentes. Sans hésitation ! C’est une amie qui me l’avait envoyé, je ne m’y attendais pas et ce livre a été un vrai choc pour moi. Il m’a ouvert au féminisme, mais à un féminisme qui n’est pas du tout dans la victimisation et me correspond complètement.

Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?

En ce moment, j’adore l’humoriste Blanche Gardin, je la trouve extraordinaire. Elle est culottée, elle aborde des sujets beaucoup plus politisés que d’autres humoristes, beaucoup plus osés aussi. Par exemple, à la fin de son spectacle, elle a un sketch sur la sodomie qui me fait beaucoup rire.
J’aime aussi beaucoup Christiane Taubira qui, pour moi, « envoie du lourd » !
Je suis aussi sous le charme de Lygia Clark, une artiste brésilienne des années 60-70, qui a un magnifique parcours : elle a fait de la sculpture puis elle est passée à la psychanalyse et à la thérapie…
Ces trois femmes pourraient être mon Panthéon. J’aime qu’elles ne soient pas caractérisées par leur féminisme mais qu’il s’agisse de femmes très fortes. Ce sont les forts caractères que j’aime et qui m’inspirent.

Quelle serait ta nuit de rêve ?

Ma nuit de rêve ? Ce serait d’aller me marier à Las Vegas ! L’institution du mariage ne m’attire pas du tout mais, si je me marie, ce sera « en pleine nuit à Las Vegas ou rien ».

Quelle est ta couleur préférée ?

J’adore le rouge. Le soir, avant de partir au casino, je mets mon rouge à lèvres rouge sur mes lèvres et je me sens prête à plonger dans la nuit…

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