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AGOGO, le renouveau du Streetwear

ÉLODIE GAUD & JOANA GOBIN, UN DUO D'ENTREPRENEUSES ÉLECTRIQUES

8 avril 2019

Agogo

Des prairies du Vercors au carnaval de Rio, l’une en ski, l’autre en trikini, elles ne sont pas nées sous la même étoile et pourtant Elodie (alias Elo) et Joana (alias Jo) ne se quittent plus depuis qu’elles se sont rencontrées à l’ENSCI. Elles partagent la même passion pour le vêtement immettable et le Rap Français. En janvier 2017, elles décident de créer ensemble « Agogo », la marque de vêtement de leur rêve : du Streetwear unisexe, coloré et jovial ! Puis, en décembre 2018, elles ouvrent dans le Marais un concept store multimarques de Streetwear dans lequel toutes les pièces sont rangées par couleur et où le son tient une place centrale. On a rencontré Elo et Jo dans leur boutique, ce rêve un peu fou devenu réalité. Et on a posé toutes nos questions à ce duo d’entrepreneuses électriques, pleines d’énergie et d’idées.

(Photo de Elo & Jo, Crédit : Agogo)

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’entreprendre et de vous lancer dans ce projet ?

Tout a commencé pendant un voyage de deux mois au Brésil, en janvier 2017. Dans l’océan Atlantique, à Rio, on a trouvé « AGOGO » et on s’est dit qu’on allait créer une marque qui porterait ce nom. Le Brésil nous a donné l’énergie, la dose de soleil qui nous a poussées à créer notre propre entreprise. Là-bas il y a un rapport particulier au corps, à la joie et à l’habillement. Alors en rentrant en France, nous avons eu envie de transformer toute cette énergie en vêtements unisexes colorés et joyeux !
On a beaucoup travaillé pour réaliser ce rêve, on ne voulait pas faire « petit », on a tout de suite eu envie de faire les choses en grand. On a donc voulu créer une structure solide avant de commencer la partie création. Pendant six mois, nous avons travaillé sur la partie business, nous avons rencontré des banquiers, des avocats, des experts comptables… On n’a pas hésité à poser beaucoup de questions jusqu’à maîtriser tous les tenants et aboutissants du projet.
On a ensuite conçu et prototypé la première collection de vêtements Agogo. Nous l’avons présentée sur la plateforme de financement participatif Kisskissbankbank en novembre 2017, ce qui nous a permis de récolter 10 000 € en un mois, et, grâce à cet argent, nous avons pu lancer la production de nos premières pièces. On a organisé une soirée de lancement de la marque en avril 2018 qui a réuni plus de 500 personnes : amis, famille, Kissbankers, tous ceux qui nous avaient soutenues jusque là. C’est lors de cette fête que nous avons revu Brigitte, une amie qui nous a dit qu’elle partait à la retraite et qu’elle allait quitter sa boutique rue du Trésor dans le Marais. Et on a eu un déclic : on s’est dit que c’était nous qui devions racheter cette boutique !
C’était complètement fou car on n’avait pas d’argent et qu’on venait tout juste de créer la marque. On a décidé d’en discuter avec nos amis Max et Arnaud qui nous conseillaient depuis le début sur la partie « business » du projet pour savoir ce qu’ils pensaient de cette idée de boutique. Ils nous ont encouragées, on avait peu de temps pour prendre une décision, on a décidé de s’associer tous les quatre et de foncer !
Et tout d’un coup, au niveau entrepreneurial, nous sommes passées à une autre échelle : il ne s’agissait plus de récolter 10 000€ mais de trouver et de gérer des centaines de milliers d’euros. On a racheté le fonds de commerce en septembre, on a fait nous-mêmes les travaux et on a ouvert AGOGOGANG il y a quatre mois : un concept store de streetwear unisexe et coloré dans lequel nous vendons 30 marques du monde entier, dont notre marque AGOGO.

Agogo logo

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées dans le développement de votre projet ?

La plus grosse difficulté est bien sûr l’aspect financier qui est le nerf de toutes les guerres ! Nous sommes toujours à courir après l’argent, c’est un problème quotidien. Certains jours ça représente d’énormes coups de pressions. On est très contentes car depuis son ouverture AGOGOGANG tourne bien, mais une boutique c’est avant tout beaucoup de frais et l’argent qui entre nous laisse souvent la sensation d’être consommé en une seconde. Max, le directeur financier de la société, gère la trésorerie au quotidien avec nous et heureusement ! C’est très important de pouvoir répartir le travail et la pression sur ces questions-là.
Ensuite, la deuxième difficulté, c’est la fatigue, car on commence à ressentir nos limites. On travaille six jours par semaine, on n’a plus de weekend, pas de vacances, et, évidemment, on ne se paye pas. Quand on entreprend, on se rend compte qu’on fait beaucoup de métiers différents et qu’on essaye de jongler avec plusieurs casquettes. On doit apprendre à s’organiser, à accepter qu’il n’y ait que 24h dans une journée et qu’on ne puisse pas tout faire.
Depuis quelques mois on a aussi dû apprendre à gérer une équipe, ce qui n’est pas un problème mais un gros challenge ! Avec la boutique on est passées de toutes les deux à 6 personnes : Max et Arnaud avec qui on est en lien tous les jours mais aussi Victor notre responsable boutique et Célia qui est en stage à mi-temps sur la partie com et évènementiel. Et nous on se retrouve à la tête de ce petit monde, c’est beaucoup de responsabilités, il faut apprendre à déléguer, faire en sorte que tout le monde trouve sa place et soit heureux de travailler là. Donc bien sûr c’est fatiguant, bien sûr on ne dort pas toujours sur nos deux oreilles, mais c’est avant tout beaucoup de joie, de fluidité, de bonne vibes et d’enthousiasme ! On est ravies de se lever chaque matin pour faire ce qu’on fait et ça c’est le plus important.

Qu’est-ce qui vous plaît et vous donne envie d’avancer ?

Tout ! La vie que ça dessine, notre quotidien à la boutique, les rencontres nombreuses, les retours enthousiastes sur le lieu et la sélection, ce projet est très riche et très épanouissant.
C’est quand même incroyable de se retrouver ici, en plein cœur du Marais, dans une des impasses les plus charmantes de Paris, il fait bon vivre chez nous ! Et la boutique est devenue un vrai lieu de vie. On y organise des évènements, on a notre atelier de création en arrière-boutique, des canapés un peu partout, les gens se posent, écoutent des vinyles, viennent prendre le café, discutent, essayent des vêtements… C’est toute cette énergie qui nous porte !

Pouvez-vous nous parler de la place du son dans votre projet ? Les groupes & artistes que vous habillez, vos jeudis avec Dj set…

La musique a toujours eu une place centrale dans notre travail. Avant de faire du prêt-à-porter, notre ambition était d’habiller des artistes. On rêvait de faire des vêtements de scène pour Lady Gaga, d’habiller des artistes qui utilisent leurs corps comme outil de travail, d’imaginer des robes parachutes en papier crépon qui partent en fumée à la fin de la performance !
Au lancement de la marque c’est la rappeuse Lago2feu qui a été la première à nous dire qu’elle adorait ce que nous faisions et à nous demander de l’habiller pour un concert. Depuis ce jour, nous n’avons pas cessé de collaborer avec des artistes tels que Jok’Air, Lilipoe, Oulmerie… Et, depuis ce début d’année, nous sommes les stylistes d’Aloïse Sauvage. On l’habille pour la scène, pour ses clips et ses shootings photo.
Dans la continuité de ces expériences on a pensé AGOGOGANG comme un lieu qui ferait le lien entre vêtement et musique. Depuis l’ouverture, on accueille plusieurs chanteurs/chanteuses, danseurs/danseuses qui viennent pour emprunter ou acheter des vêtements pour un clip, un concert… Et Victor, qui tient la boutique, gère par ailleurs le label de musique « Third Try Records », c’est lui qui s’occupe de la sélection des vinyles du shop. On a fait sonoriser la boutique spécialement pour accueillir des showcases et nous organisons une soirée Dj set tous les 15 jours.
Il y a de la musique au quotidien, les vinyles sont à vendre mais surtout disponibles à l’écoute. C’est assez drôle de voir les gens choisir ce qu’ils veulent écouter quand ils entrent ici, discuter musique avec Victor (notre spécialiste !). On croit beaucoup à la porosité́ entre les disciplines. Pour nous, la boutique est un pont entre la mode et la musique mais aussi la photo, l’art… On utilise le vêtement comme moyen de communication car tout le monde a besoin de s’habiller.

Quelle est la pièce fétiche de la boutique Agogogang ?

Côté accessoires, les chaussettes « color bloc » AGOGO sont un grand succès. La chaussette est un produit transversal, unisexe, qu’on peut aussi bien vendre à des ados qu’à leurs parents (et à leurs grands parents !). Les gens viennent en racheter et commencent à les collectionner !
Côté vêtements, le sweat-shirt est sans aucun doute notre best-seller. De toutes les couleurs et dans toutes les marques, c’est une pièce qui cartonne ! Ça reste un incontournable du streetwear, porté à tous les âges. Les sweats AGOGO sont volontairement en taille unique, ce qui crée une silhouette différente selon le corps de la personne, chacun peut se l’approprier et le porter « à sa sauce » !
La combi est également une pièce très demandée, autant par des hommes que par des femmes, que ce soit dans des couleurs classiques, surprenantes ou dans des motifs wax. On en vend de différentes marques et c’est une pièce que les gens viennent chercher à la boutique.

Agogo

Crédit : Mario Simon Lafleur

Quels sont vos prochains challenges ?

On a monté deux boîtes en deux ans, ça a été très vite, c’est comme si on venait d’accoucher ! Maintenant on travaille à faire prospérer l’écosystème qu’on a créé et à le rendre rentable. Cette boutique nous ancre à Paris de manière durable et le but est de bien y vivre. Notre challenge en ce moment c’est de trouver l’équilibre et la sérénité entre la vie pro et la vie perso. À court terme, il faut qu’on libère du temps pour créer une nouvelle collection AGOGO et le e-shop AGOGOGANG. Ça s’annonce reposant non ?! Et, à plus long terme, on aimerait exporter le concept du shop dans d’autres capitales en ouvrant une boutique à New York et une à Tokyo. Mais ça, ce sera pour plus tard.

Quelles sont les femmes qui vous inspirent ?

Il y en a tellement !
Pour moi (Jo), c’est un peu facile mais j’ai quand même envie de dire Beyoncé. Elle incarne indéniablement une puissance féminine et métissée qui « Run the world » ! Je trouve ça important que l’une des artistes les plus influentes du business de l’entertainment dans le monde se revendique féministe, riche (en dollars et en corps), le tout en body à paillettes les cheveux dans le vent(ilo). Dans un autre registre, je citerais aussi la self-made woman Zhou Qunfei, une ancienne ouvrière chinoise devenue milliardaire après avoir monté son entreprise d’écrans tactiles aujourd’hui cotée en bourse.
De mon côté (Élo), je tiens déjà à dire que les personnes qui m’inspirent sont exclusivement des femmes. Je suis stimulée par beaucoup de personnages féminins de fiction. En ce moment, par exemple, j’adore Wendy Carr, chercheuse en science comportementale, dans la série Mindhunter de David Fincher. Je suis aussi très inspirée par des humoristes ou auteures, je pense notamment à̀ la comédienne Noémie De Lattre qui aborde des sujets qui me touchent, comme le genre, avec brio, éloquence et humour (caustique).
On pense aussi à Angie — AKA Angelina Jolie — idole parmi les idoles. Strong bitch ex-Lara Croft, chef de tribu, le regard dur, le cœur sur la main, la conscience d’être inaccessible, disons qu’elle est fascinante. On l’adore.

Quelle est votre couleur préférée ?

Pour la marque et la boutique on dira rose. Notre première collection AGOGO s’appelait Vanille/Fraise et la devanture d’AGOGOGANG est rose. C’est donc l’une des bases de notre identité.
Sinon moi (Élo), je dirais le jaune ! Et moi (Jo), je dirais le doré : la version « Bling » d’Élo en somme.

Boutique AGOGO – 6 rue du Trésor, 75004 Paris (c) Mario Simon Lafleur

Agogo boutique

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