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Out of Africa – Le classique #Emeraude

L’AMOUR PROFOND DE KAREN ET DENYS
#LES CLASSIQUES ÉMERAUDE

7 mai 2018

photo du film Out of Africa

Crédit : photo film « Out of Africa »

Considéré comme le plus grand écrivain danois du 20e siècle, Karen Blixen était une femme de passion, pour l’art, l’écriture et aussi pour les hommes. Son existence fut illuminée par la découverte de l’Afrique où elle cultiva le café et vécut libre, dans un monde d’hommes. « J’ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong. La ligne de l’Equateur passait dans les montagnes, à vingt-cinq milles au Nord » marque le début de son immense chronique africaine. Elle y décrit le Kenya avec poésie et passion, et laisse aussi avec ce texte un mausolée à Denys, l’homme qu’elle y a aimé. Leur couple est magnifiquement interprété par Meryl Streep et Robert Redford dans le film Out of Africa de Sydney Pollack.


Karen Blixen,
 La Ferme africaine (1937).

Denys Finch Hatton n’avait jamais eu en Afrique d’autre demeure que la ferme.
Entre ses safaris, c’est toujours chez moi qu’il revenait et qu’il laissait ses livres et ses disques.
Quand il retrouvait la ferme après une absence, elle seule paraissait compter pour lui ; il en parlait comme parlent les planteurs de café quand, après les premières pluies, ils voient les fleurs de café s’épanouir comme un nuage de craie parfumée.
Quand j’attendais Denys et que j’entendais son auto remonter l’allée, il me semblait qu’elle éveillait tous les échos de la ferme et j’en recevais chaque fois une révélation.
Denys était toujours heureux à la ferme, car il n’y venait que lorsqu’il désirait y venir et la ferme apprenait à connaître, grâce à lui, certaines qualités dont le monde est avare, comme la modestie et la reconnaissance.
Il ne fit jamais que ce qu’il voulait, et son cœur était pur.
Denys possédait une qualité inappréciable pour moi ; il savait écouter une histoire. J’ai toujours pensé que j’aurais pu jouer un rôle à Florence à l’époque de la grande peste.
La mode a changé et l’art d’écouter les histoires s’est perdu en Europe.
Les indigènes d’Afrique l’ont conservé et, pour peu que l’on commence à dire « Il y avait une fois un homme qui se promenait sur une route et sur cette route il rencontra un autre homme » pour que tout le monde soit attentif et que l’imagination de l’auditoire devance les deux hommes : « Bon M’sabu, et après ? demandaient mes Noirs. Qu’ont dit ces hommes ? »
En Europe, ceux-là mêmes qui voudraient écouter l’histoire qu’on leur raconte ne le peuvent plus, ou bien ils s’agitent, ou bien, s’ils ne peuvent penser à ce qu’il est urgent d’accomplir, ils s’endorment.
A côté de cela ils peuvent passer toute une soirée enfouis dans un livre ou un journal.
Il leur faut quelque chose d’imprimé devant les yeux, c’est devenu une habitude.
Denys, qui avait beaucoup d’oreille et dont l’ouïe s’était encore affinée au cours de ses safaris, préférait écouter une histoire plutôt que la lire.
Il s’inquiétait toujours, en arrivant, de savoir si je n’avais pas quelque nouvelle histoire à raconter.

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