Marilyn Monroe

Crédit : Milton H. Greene

Le 5 août 1962, Marilyn Monroe s’éteignait à l’âge de 36 ans dans des conditions qui restent énigmatiques. Plus de soixante ans après sa mort, malgré tout ce qui a pu être dit et écrit sur elle, une forme de mystère entoure toujours celle qui apparut tour à tour comme une blonde légère, un sex-symbol, une actrice ingénue, mais aussi comme une jeune femme mélancolique, cultivée, perfectionniste. Fragile mais dotée d’un caractère hors norme, elle a démontré un courage et une détermination lui ayant permis de gravir tous les échelons. Mannequin, actrice, chanteuse, muse des plus grands… Portrait d’une beauté fatale, d’une actrice tourmentée et appliquée, d’une femme complexe aux multiples visages.

« Il y avait quelque chose de spécial chez moi, et je savais ce que c’était. J’étais le genre de fille qu’on retrouve morte dans une chambre minable, un flacon de somnifères vide à la main. »
Marilyn Monroe, 1954.

Norma Jean Mortensen nait à Los Angeles dans une famille d’ouvriers, d’un père à l’identité incertaine et d’une mère fragile, internée à plusieurs reprises. Après une enfance à la Dickens, au cours de laquelle elle est ballottée d’une famille d’accueil à l’autre, victime d’abus sexuels, la jeune fille est mariée à un voisin en 1940. Destinée à être femme au foyer, elle est repérée par un photographe en 1944 alors qu’elle vérifie les parachutes des soldats. Encouragée par des clichés qui la propulsent à la une de tous les magazines, elle se lance dans le mannequinat, divorce et se teint en blonde. Elle signe son premier contrat avec la 20th Century Fox en 1946 et change de nom : le prénom Marilyn est inspiré par l’actrice Marilyn Miller, le nom Monroe est celui de sa grand-mère maternelle.

Parfois masquée derrière une image réductrice et parodique alimentée par les anecdotes qui ont construit sa légende, au premier rang desquelles ses amours, ses retards et le mystère de sa mort, la carrière d’actrice de Marilyn est d’une grande richesse. Elle a en effet tourné avec les plus grands réalisateurs de son époque – Fritz Lang, Howard Hawks, Billy Wilder, Joseph Mankiewicz… – dans des rôles profonds ou légers, tragiques ou comiques.

Assumant son extrême sensualité, alliée à une douceur enfantine, Marilyn incarnait avec autant d’aisance la baby-sitter déséquilibrée de Troublez-moi ce soir (1952) que le garçon manqué du Démon s’éveille la nuit (1952) ou la femme fatale à la beauté incendiaire de Niagara (1953). C’est le film Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks (1953) qui fait d’elle une actrice reconnue. Son second grand succès sera Sept ans de Réflexion de Billy Wilder (1955), dans lequel on peut voir la fameuse scène de la robe soulevée par l’air qui sort d’une grille du métro. La consécration arrive en 1959 avec Certains l’aiment chaud, également réalisé par Billy Wilder, pour lequel elle obtient un Golden Globe et cinq nominations aux Oscars.

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Derrière sa légèreté apparente, la jeune femme était une actrice perfectionniste, exigeante, mais également une passionnée de littérature, amie de l’écrivain Truman Capote et épouse du dramaturge Arthur Miller. Elle-même écrivait des poèmes comme en témoigne la publication de ses Fragments. Dans ses textes, la jeune femme se révèle fine et intelligente, observant avec lucidité son milieu d’adoption, tiraillée entre les paillettes et les coulisses, la beauté et la souffrance.

Si Marilyn eut plusieurs maris et de nombreuses liaisons, elle laisse le souvenir d’une femme blessée, fragile et désespérément seule, comme le soir de sa mort dans des circonstances opaques. L’icône américaine n’avait que 36 ans lorsqu’elle fut découverte dans la nuit du 4 au 5 août 1962 inanimée, nue dans son lit, la main sur son téléphone. Le médecin légiste conclut à un empoisonnement aux barbituriques et à un suicide probable, mais la thèse d’un homicide déguisé émerge rapidement. Plusieurs détails étranges favorisent en effet le questionnement. On évoque comme commanditaires le FBI ou la CIA qui auraient voulu faire taire l’actrice à la suite de sa relation avec John F. Kennedy, la mafia ou Robert Kennedy lui-même. Toutes ces questions sont restées sans réponse et ont participé à la construction d’un mythe.

Le pouvoir de fascination exercé par Marilyn Monroe est aujourd’hui intact. Celle qui fut tant copiée reste en effet inimitable et éternelle, à la fois emblème des années 1950-60 et figure intemporelle que les artistes n’ont cessé de faire revivre, en peinture, en photographie, à l’écran ou sur les planches. Actrice talentueuse, c’était aussi une femme extrêmement moderne qui assumait sa voluptueuse sensualité tout en refusant d’être réduite à ses courbes suggestives.