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La passion suspendue – Le classique #Sauvage

QUAND LES ANNÉES DE L’ENFANCE NOURRISSENT « UNE ESPÈCE D’ATTACHEMENT ANIMAL À LA VIE » #LES CLASSIQUES SAUVAGE

26 novembre 2018

(Crédit : DR)

Entre 1987 et 1989, après le succès de L’Amant qui donne à Marguerite Duras une reconnaissance internationale, l’écrivain se confie à une jeune journaliste italienne sur son enfance, sa vie, son rapport à l’écriture, les hommes, la passion, la politique, l’alcool. Elle se confie librement avec toute la profondeur de sa voix. Traduit en 2013 par René de Ceccatty pour les éditions du Seuil, La passion suspendue est un trésor pour ceux qui aiment viscéralement l’œuvre de Duras mais aussi pour ceux qui voudraient la découvrir. Dans la première partie, « Enfance », elle revient sur son enfance indochinoise et sur les traces que cette nature sauvage a laissées en elle, de façon déterminante et indélébile.

Marguerite Duras, La passion suspendue, Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, Traduit de l’italien et annoté par René de Ceccatty, Editions du Seuil 2013.

Vous êtes née à Gia Dinh, à quelques kilomètres de Saigon et, après d’innombrables déménagements avec votre famille – Vinh Long, Sadec –, vous avez vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans au Viêt Nam, alors colonie française. Vous pensez que vous avez eu une enfance spéciale ?
Je crois parfois que toute mon écriture naît de là, entre les rizières, les forêts, la solitude. De cette enfant émaciée et égarée que j’étais, petite Blanche de passage, plus vietnamienne que française, toujours pieds nus, sans horaire, sans savoir-vivre, habituée à regarder le long crépuscule sur le fleuve, le visage tout brûlé par le soleil.

Quels sont vos souvenirs les plus anciens ?
C’est entre les plateaux, l’odeur de la pluie, du jasmin, de la viande, que j’isole les premières années de ma vie. Les après-midi épuisants en Indochine nous semblaient, à nous enfants, renfermer cette impression de défi envers la nature étouffante qui nous entourait.
Une impression d’interdit et de mystère pesait sur la forêt. Cette période nous plaisait tant, à mes deux frères et à moi, que nous nous aventurions, nous désenchevêtrant des lianes et des orchidées entremêlées, risquant à chaque instant de tomber sur des serpents ou, je ne sais pas, des tigres.
J’ai parlé longuement de ça dans Un barrage contre le Pacifique.
Ce calme surhumain et cette douceur indicible qui m’entouraient ont laissé des marques indélébiles.

De quelle manière, selon vous, avez-vous été déterminée par cette enfance particulière ?
Quelque chose de sauvage demeure en moi, maintenant encore. Une espèce d’attachement animal à la vie.

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