(0)
  • Aucun produit dans le panier.
Total:0,00

Hedy Lamarr

LA LÉGENDE NOIRE DE CELLE QUE L’ON A TROP SOUVENT PRÉSENTÉE À TRAVERS SES EXCÈS SE RÉÉCRIT AUJOURD’HUI AUTOUR DE SON INTELLIGENCE ET DE SES INSPIRANTES DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES

9 novembre 2018

Portrait de Hedy Lamarr

(Crédit : DR)

Star hollywoodienne des années 1940, Hedy Lamarr envoûtait le public avec sa beauté sauvage et farouche. Première actrice à avoir mimé l’orgasme en gros plan dans le film Extase, sulfureux pour l’époque, elle a incarné l’image de la femme fatale en collectionnant les hommes, les maris, les amants. Mais celle qui fut souvent qualifiée de « plus belle femme du monde » fut aussi une talentueuse inventrice, récompensée pour certaines de ses découvertes. Excessive, passionnée, pleine de failles et de mystères, Hedy Lamarr est une personnalité complexe que l’on ne se lasse pas de découvrir.

Hedy Lamarr naît Hedwig Eva Maria Kiesler le 9 novembre 1914, à Vienne, de parents juifs convertis au catholicisme. Introduite dans le milieu du cinéma autrichien par son père, un banquier fortuné, elle est engagée pour deux films par Georg Jacoby, connu pour avoir fait débuter Marlène Dietrich. Elle s’essaie également au théâtre avec le grand metteur en scène Max Reinhardt qui déclare à la presse qu’elle est « la plus belle fille du monde ».

Partie poursuivre sa carrière d’actrice à Berlin en 1931, elle tourne en 1933 dans le film Extase de Gustav Machaty qui fait d’elle un véritable sex-symbol. Dans une très belle scène, elle y mime en effet l’orgasme en gros plan, ce qui provoque un scandale retentissant dans l’Europe des années trente. Cette « erreur » de jeunesse lui collera éternellement à la peau, lui donnant la réputation de fille légère et dévergondée, alors qu’elle avait elle-même été trompée sur la finalité de la scène jouée lors du tournage : « J’étais seule dans la pièce. On me demandait de lever les bras, et j’ignorais pourquoi je devais faire cela ».

Extrait du film Extase

En 1937, elle fuit l’Allemagne nazie et l’armateur autrichien qu’elle avait épousé très jeune sous l’influence de ses parents. Après un passage par la Suisse puis par Londres, elle finit par convaincre, sur le paquebot qui la conduit en Amérique, le producteur de cinéma Louis B. Mayer de l’engager aux conditions qu’elle souhaite. Le magnat de la MGM lui trouve son nom d’actrice, Hedy Lamarr, et l’introduit à Hollywood où elle commence à tourner avec les plus grands réalisateurs aux côtés de Clark Gable et Spencer Tracy. Elle connaît le succès, gagne beaucoup d’argent, multiplie les amants célèbres et assume aussi sa bisexualité. Mais, peu à peu, elle s’enlise dans les abus, l’alcool, la drogue, elle perd des millions dans un projet de film qu’elle souhaite réaliser, elle se défigure avec une pratique excessive de la chirurgie esthétique, elle est condamnée à plusieurs reprises pour vol à l’étalage, elle se marie et divorce six fois… Elle se perd et finira sa vie seule et recluse.

Au-delà de sa carrière d’actrice, Hedy Lamarr fut également, et c’est un fait moins connu, une exceptionnelle inventrice. En 1942, elle invente en effet un système de transmission de données cryptées basé sur le saut de fréquence qui devait permettre aux sous-marins de communiquer avec les torpilles et qui, aujourd’hui encore, est utilisé pour la téléphonie mobile ou le wifi. Ce n’est pourtant qu’en 1990 que son rôle dans l’invention du système de saut de fréquences est reconnu grâce au travail d’investigation d’un journaliste qui a découvert que son brevet avait servi à fabriquer les drones de surveillance utilisés par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam. En 1997, l’Electronic Frontier Fondation américaine finit donc par lui décerner un prix pour sa découverte, mais elle refusera d’aller assister à la cérémonie. Elle sera également admise à titre posthume au National Inventors Hall of Fame en 2014.

On estime qu’Hedy Lamarr aurait dû recevoir des millions de dollars pour son invention. Elle aurait également pu inspirer de nombreuses jeunes femmes autrement que par sa carrière cinématographique, en leur donnant envie de s’accomplir dans des carrières scientifiques. Aujourd’hui, la légende noire qui a longtemps entourée celle que l’on a trop souvent présentée à travers ses blessures et ses excès se réécrit heureusement autour de son intelligence, de ses incroyables capacités scientifiques, et pourrait servir d’inspiration à d’autres générations de femmes. Hedy Lamarr prouve en effet à elle seule qu’une femme peut être tout à la fois « la plus belle du monde » et la plus intelligente.

« Ainsi, vous savez tout en ce qui me concerne, sur les trois ingrédients qui font le sel d’une vie : la santé, l’amour et l’argent. J’ai joui de ces trois choses en abondance et, à un moment ou à un autre, les ai gaspillées toutes trois. J’imagine qu’un homme sage se doit de les considérer par ordre d’importance. Je n’ai pas été sage. J’ai tenu la santé pour acquise. En ce qui concerne l’amour, j’en ai peut-être trop exigé, et trop souvent. Quant à l’argent, je n’en ai réalisé la valeur que lorsque j’en manquais. »
Hedy Lamarr, Extasy and me, Éditions Séguier, 2018 (première publication : 1966).

Poster de Hedy Lamarr

Vous aimerez sûrement