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Fatima Mernissi

UNE MAGICIENNE DES MOTS, SOCIOLOGUE ET ÉCRIVAIN, QUI FUT UNE VOIX ESSENTIELLE DES DÉBATS SUR L’ISLAM ET LES FEMMES

27 septembre 2018

Femme inspirante - Numéro Une

(Crédit : Leseco.ma)

Née le 27 septembre 1940 à Fès, au Maroc, la sociologue et écrivain Fatima Mernissi a été une voix essentielle des débats sur l’islam et les femmes. Figure complexe, à la fois universitaire et militante féministe, icône pour toute une génération d’intellectuelles, elle s’est saisie avec courage des grandes questions de société. Réputée pour son charisme, sa joie de vivre et la hardiesse de ses propos, elle a laissé derrière elle une œuvre engagée sur l’islam, le féminisme et la modernité, et reste une source d’inspiration pour les autres femmes.

« Je me ferai magicienne. Je cisèlerai les mots, pour partager les rêves avec les autres et rendre les frontières inutiles ».
Fatima Mernissi, Rêves de femmes, une enfance au harem (1994).

Fatima Mernissi a grandi entourée des femmes de sa famille dans un harem domestique. Après une scolarité dans l’une des premières écoles privées du Maroc, elle poursuit des études de lettres à Rabat puis à La Sorbonne. Elle obtient en 1974 un doctorat de sociologie à l’université américaine de Brandeis dans le Massachusetts et publie l’essai Beyond the Veil qui défend la thèse suivante : les entraves à la liberté des femmes qui existent dans les sociétés musulmanes sont davantage liées à la théorisation des écritures saintes dans le second temps de l’islam, notamment sous la dynastie des Omeyyades, qu’aux sources scripturaires en elles-mêmes. Elle développera de nouveau cette thématique en 1987 avec Le Harem politique – livre dans lequel elle se prononce en faveur d’une réappropriation du message du prophète Mahomet qu’elle oppose à la « misogynie » de son successeur le calife Omar – qui l’expose à la colère des islamistes marocains et de certains oulémas.

Fatima Mernissi enseigne pendant de longues années la sociologie à l’université Mohammed-V de Rabat tout en participant à de nombreuses conférences dans le monde entier.

Avec Rêves de femmes, une enfance au harem (1994), la sociologue sort de ses habits d’universitaire. Il s’agit en effet une œuvre fictionnelle, s’inspirant des Mille et une nuits, évoquant une multitude de figures féminines hautes en couleur. Traduit en vingt-cinq langues, cette œuvre mêle récit, passages autobiographies et réflexions sociologiques, et ce dans la bouche d’une fillette qui découvre les frontières fixées par la société patriarcale dans laquelle elle est née en même temps que sa propre place dans le monde.

 

« La dignité c’est d’avoir un rêve, un rêve fort qui vous donne une vision, un monde où vous avez une place, où votre participation, si minime soit-elle, va changer quelque chose.
Vous êtes dans un harem quand le monde n’a pas besoin de vous.
Vous êtes dans un harem quand votre participation est tenue pour si négligeable que personne ne vous la demande.
Vous êtes dans un harem quand ce que vous faites est inutile.
Vous êtes dans un harem quand la planète tourne et que vous êtes enfouie jusqu’au cou dans le mépris et l’indifférence.
Une seule personne a le pouvoir de changer cette situation et de faire tourner la planète en sens inverse, et cette personne c’est vous. »
Fatima Mernissi, Rêves de femmes, une enfance au harem (1994).

 

En parallèle de sa carrière universitaire et littéraire, toujours nourrie pas l’envie de défendre la place des femmes musulmanes, Fatima Mernissi mène un combat pour le féminisme dans la société civile en fondant en 1981 le collectif « Femmes, familles, enfants ». Développant son engagement dans la vie associative au Maroc, elle crée également les « caravanes civiques » pour faire le pont entre les populations rurales, urbaines et le monde de la culture. Elle anime des ateliers d’écriture avec des amateurs, des journalistes, des militants des droits humains et d’anciens prisonniers des « années de plomb » marocaines (années 1960 à 1980).

Elle reçoit en 2003 le prix Prince des Asturies, le Nobel espagnol, en reconnaissance de sa carrière. En 2012, elle est la seule Marocaine à figurer dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde arabe du magazine Arabian Business. Décédée le 30 novembre 2015, à Rabat, Fatima Mernissi laisse derrière elle un legs immense tant pour la sociologie, la littérature que le combat en faveur du droit des femmes dans les sociétés musulmanes.

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