9 septembre 2018
(Portrait de Francoise Sagan, Photo de Best image)
À partir des textes des interviews de Françoise Sagan, Caroline Loeb a tissé un monologue dans lequel l’auteure de Bonjour Tristesse se révèle avec toute sa tendresse, son intelligence et son humour. Le spectacle, qui reçoit un accueil enthousiaste depuis près de deux ans, à Paris et en province, est nommé aux Molières 2018 du « Seule en scène ».
« Françoise par Sagan » est joué depuis fin août, et jusqu’au 10 novembre, au Lucernaire. Vous y passerez un moment coupé du monde, dans la bien nommée salle Paradis, tout en haut du théâtre. Le spectacle nous plonge dans les méandres de la pensée de Françoise Sagan qui nous parle de l’importance du désir, de son rapport à l’écriture, de son amour pour la littérature, des hommes, de son fils, de son dédain pour l’argent, de sa peur de la mort.
Caroline Loeb incarne le rôle de l’écrivain avec brio, ayant fait sienne son attitude à la fois timide et frondeuse, sa voix enfantine et boudeuse, ses épaules rentrées, ses cheveux blonds. La mise en scène d’Alex Lutz, tout en clair-obscur, nous rapproche encore de Sagan, comme si elle nous susurrait au creux de l’oreille, de sa voix mélodique, sa parole si libre, si clairvoyante, si intelligente, si émouvante, si drôle aussi parfois.
Un spectacle poétique qui rend hommage à une romancière libre et passionnée qui vécut toute sa vie sur le fil du rasoir. Un spectacle intimiste aussi qui donne de la force, martelant l’absolue nécessité d’être libre et de vivre comme on l’entend, en tant qu’être humain mais surtout en tant que femme.
« Quelquefois, allongée sur mon lit, je pense que je vais mourir, que les êtres qui m’entourent vont mourir et cela me donne envie d’entreprendre un millier de choses. Souvent, lorsque j’entends des gens me parler, je pense soudain qu’ils vont mourir et cela me les fait écouter différemment. Je les vois réduits à ce qu’ils sont, à ce que nous sommes tous, et j’ai envie de les débarrasser de leur comédie, de leur demander pourquoi ils s’agitent, se prennent au sérieux, pourquoi ces airs avantageux. J’ai envie de leur dire ce qui est essentiel pour eux ; j’ai envie qu’ils boivent. J’aime ce moment subtil et éphémère où, après quelques verres, les gens vacillent, s’abandonnent, où ils se délivrent de leurs vêtements, de leur théâtre : tous les masques tombent et enfin, ils disent des choses vraies. »
Françoise par Sagan
Théâtre du Lucernaire (du 29 août au 10 novembre 2018)
D’après Je ne renie rien de Françoise Sagan (Éditions Stock)
Adapté et interprété par Caroline Loeb
Mise en scène : Alex Lutz – Collaboration : Sophie Barjac
Réservations : www.lucernaire.fr
Par Laura / Elles créent, Rose caprice
