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Évelyne Pisier

UNE FEMME LIBRE ET PASSIONNÉE AU DESTIN HORS-DU-COMMUN

18 octobre 2018

(Crédit : DR)

Écrivaine et politologue, professeure d’université, figure intellectuelle de gauche, Evelyne Piser était une femme profondément libre qui a eu un destin hors du commun. Née le 18 octobre 1941 à Hanoï, elle a en effet traversé des décennies de vie politique, d’amour et de drames. Portrait d’une femme fascinante et inspirante.

« Dans sa philosophie, rêver et agir se confondaient : elle voulait la vie mais en mieux. »
Evelyne Piser, Caroline Laurent, Et soudain, la liberté, Éditions Les Escales (2017).

Evelyne Pisier naît en Indochine, à Hanoï, en 1941. A un an, tandis que la guerre fait rage, elle est envoyée dans un camp de concentration japonais où elle survit notamment grâce à sa mère qui lui faisait manger de l’herbe pour lui donner des vitamines. Le couple Pisier s’installe ensuite à Nouméa avec leurs deux filles, Evelyne et sa sœur, la future actrice Marie-France Pisier, où ils auront un troisième enfant, le mathématicien Gilles Pisier. Sa mère finit par s’opposer à son mari autoritaire et gagne sa liberté. Le couple divorce et Evelyne part vivre à Nice avec sa mère.

Après une enfance et un début d’adolescence marqués par le pétainisme et le maurrassisme de son père, Évelyne explique s’être rebellée, certainement influencée par la quête de liberté de sa mère devenue militante féministe : « Une rébellion qui m’entraîna, comme tant d’autres à l’époque, vers le gauchisme, l’anticolonialisme et l’anti-impérialisme. De manifestation en manifestation, nous dénoncions notamment les guerres d’Algérie et du Vietnam. Et comme tant d’autres aussi, jeunes et moins jeunes, de Paris à Santiago du Chili, de la Californie à l’Asie du sud-est en passant par l’Europe et l’Afrique, nous nous sommes enthousiasmés pour la Révolution cubaine. »

C’est lors d’un voyage à Cuba, en 1964, qu’elle rencontre Fidel Castro avec qui elle vivra une histoire d’amour passionnelle qui durera quatre ans. Elle aura très vite des désaccords importants avec lui à propos des femmes, elle qui était profondément féministe, et des homosexuels dont elle critiquait le mauvais traitement à Cuba. Elle s’inquiètera aussi très tôt de l’aide soviétique à Cuba.
Après cette histoire d’amour avec le révolutionnaire cubain, elle se mariera avec Bernard Kouchner. Elle aura trois enfants avec le médecin humanitaire, puis adoptera deux autres enfants après s’être remariée avec le politologue Olivier Duhamel.

En 1972, elle devient l’une des premières femmes agrégées de droit public et de science politique. Elle enseigne ensuite à Sciences Po et à la Sorbonne, avant d’être nommée en 1989 à la direction du livre et de la lecture par le ministre de la culture de l’époque, Jack Lang. En 1994, elle est nommée professeure émérite à l’Université Paris-I. Elle a écrit de nombreux essais et divers ouvrages de droit et de politologie. Elle codirigeait notamment la collection « A Savoir » des éditions universitaires Dalloz. Elle a également cosigné des scénarios de film dans les années 2000, notamment Victoire, ou La douleur des femmes de Nadine Trintignant dans lequel joua Marie Trintignant.

Évelyne Pisier reste animée d’une profonde envie de vivre et d’une force combative malgré les drames qui se succèdent (sa mère se donne la mort par empoisonnement en 1988, deux ans après le suicide de son père par arme à feu ; et en 2011, c’est sa sœur Marie-France qui met fin à ses jours). Désireuse de raconter l’histoire de sa mère et, par là même, la sienne, elle commence en 2016 l’écriture d’un roman avec l’aide de son éditrice Caroline Laurent. Lorsqu’Evelyne meurt le 9 février 2017, Caroline décide de poursuivre l’écriture du roman, comme celle qui était devenue son amie le souhaitait. Magnifique, écrit à quatre mains, Et soudain, la liberté (dont nous vous parlions en juillet) raconte l’histoire d’Evelyne et de sa mère, deux femmes modernes, passionnées, engagées, ayant traversé des décennies de vie politique, d’amour, de drames. Des modèles de courage, de détermination et de passion.

 

« Pour m’encourager, dans mes moments de chagrin, elle me répétait sans cesse : « Il faut se battre », et quand je m’embourbais dans la négativité (le dénigrement – mon activité favorite) elle me disait : « On ne naît pas imbécile, on le devient. » »
Evelyne Piser, Caroline Laurent, Et soudain, la liberté, Éditions Les Escales (2017).

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