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Camille Sfez, pour une féminité sereine, libre et sacrée

« Les cercles de femmes nous permettent de nous reconnecter à nous, à qui on est, à notre être profond, à notre nature cyclique, d’entrer dans un espace de tranquillité, de silence intérieur, de non-réactivité. »

13 janvier 2020

camille sfez

Crédit : Editions Leduc

Psychologue, Camille Sfez a construit sa pratique autour du féminin profond. Elle a publié en 2018 La puissance du féminin (éditions Leduc) pour partager son travail, donner aux femmes des clefs pour ouvrir leur conscience au « féminin sacré » et « renouer avec une étape de notre histoire collective où les femmes avaient une autre place ». Cette étape correspond à une époque où la place des femmes n’était pas celle de dominées ou de tentatrices, avant que les hommes ne s’emparent de l’Histoire en l’écrivant aux environs de 6000 avant J.-C. Devenant scribes, les hommes ont en effet dès lors enfermé la femme dans des archétypes limitants de mère, de putain ou encore de sorcière lorsqu’elle exerçait son pouvoir de guérison.

Inspirée par des femmes qui lui ont transmis des enseignements permettant de lever le voile posé sur cette nature profonde, Camille a elle-même créé des cercles de femmes, et notamment la Tente Rouge de Paris. Ce sont des lieux sacrés permettant de se reconnecter à son être profond, à sa nature cyclique, de guérir son féminin blessé, de se réconcilier avec l’héritage de sa lignée, de pardonner à l’homme pour échapper au poids de la domination du patriarcat, d’embrasser sa vulnérabilité de femme et de trouver ainsi sa puissance créatrice. Un cheminement que Camille a entrepris pour elle-même avant de choisir de le transmettre à son tour.

Camille, tu es psychologue, spécialiste du féminin profond et autrice. Peux-tu nous parler de ton parcours et de ton métier au quotidien ?

J’ai une double formation. J’ai fait une école de commerce, l’ESSEC, mais je n’ai jamais travaillé en entreprise car j’ai décidé de me réorienter et de recommencer des études de psycho. C’est quand j’étais à l’ESSEC que j’ai vraiment découvert le monde du développement personnel et le travail sur le féminin, ce qui a contribué à mon envie de me réorienter. C’est pour cela que je suis devenue psychologue. J’ai fait beaucoup de choses pour moi en développement personnel, notamment de l’Art thérapie car j’avais une sensibilité artistique.
Et, depuis 4 ans, je ne travaille plus en tant que psychologue libérale mais en tant que formatrice en entreprise. Je forme des gens à la gestion des émotions, à l’affirmation de soi, à la gestion des conflits.

Tu animes aussi des cercles de femmes, notamment les Tentes rouges. Comment as-tu découvert ces cercles ?

Je les ai découverts en Angleterre en 2005. Je commençais alors tout un travail autour de féminin dans des formes d’initiation et des stages de développement personnel au cours desquels j’ai rencontré des femmes qui se reconnectaient à leur vulnérabilité et à leur puissance. En 2008, j’ai rencontré Alisa Starkweather, une Américaine qui a fondé un mouvement des Tentes Rouges aux États-Unis. Deux ans plus tard, j’ai créé ma propre Tente rouge à Paris. C’est un espace de parole, qui a lieu à chaque nouvelle lune, où les femmes se retrouvent pour partager leurs histoires.
Puis, petit à petit, j’ai créé des ateliers, des week-ends et d’autres cercles de parole. J’ai continué mes découvertes sur le féminin, notamment grâce aux conseils des anciennes des treize lunes. C’est un enseignement amérindien, qui s’est transmis à l’oral de femme à femme pendant des générations, et qu’une métisse amérindienne, Jamie Sams, a décidé d’offrir au monde en le mettant par écrit. Elle a donc écrit un livre qui s’appelle Les treize mères originelles qui a permis la diffusion de cette transmission orale auprès de femmes non amérindiennes. Moi j’ai reçu cet enseignement d’une femme qui s’appelle Carol Anpo Wi. L’idée c’est de se reconnecter à sa profonde féminité et d’accueillir à chaque nouvelle lune une gardienne, une grand-mère de l’invisible qui nous aide, qui nous montre comment faire pour incarner ces principes du féminin.

camille sfez

Instagram @camille.sfez – Art @asjaboros

Comment ces cercles permettent-ils de retrouver un lien intime avec notre nature originelle ?

Le terme « nature originelle » est un peu compliqué car il sous-entend que nous avons une nature particulière en tant que femme et je trouve toujours que c’est un peu clivant de dire ça. Ces cercles nous permettent de nous reconnecter à nous, à qui on est, à notre être profond, à notre nature cyclique, parce que la vie est cyclique, comme l’illustre le cycle des saisons. Grâce à l’enseignement du cycle des treize lunes, guidé par les treize lunaisons annuels, on peut entrer dans un espace de tranquillité, de silence intérieur, de non-réactivité, et ainsi se reconnecter à nos rêves puis apprendre à les manifester.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta pratique aujourd’hui ?

J’aime bien les ateliers et les cercles de femmes mais j’aime aussi ce que je fais en entreprise. J’aime vraiment les deux. Ce qui correspond le plus à ma vibration c’est le travail que je fais dans les cercles, mais je pense que si je ne faisais que ça je pourrais perdre une connexion avec la réalité concrète, tangible, avec des enjeux économiques. Et j’aime bien aussi aller en entreprise et sentir que je peux ouvrir des portes, par des toutes petites choses, apprendre aux gens à maîtriser ce qu’est une émotion et toucher un public que je ne rencontrerais jamais dans les cercles.

Tu es aussi devenue autrice en publiant La puissance du féminin en 2018 (éditions Leduc). Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ?

J’avais la sensation que tout ce que j’avais découvert pendant dix ans n’était pas du tout évoqué dans l’espace public, socialement, et j’avais vraiment envie de dire aux femmes que des espaces de ce type existent, que ce chemin existe. Je voulais aussi transmettre les témoignages de femmes qui ont découvert ce chemin car il y a mille façons de renouer avec son féminin, il y a autant de façons que de femmes même si des problématiques peuvent être communes.

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Quelles sont les principales pistes pour vivre une féminité sereine, libre et sacrée ?

La première piste c’est vraiment le fait d’entrer dans une immobilité, un silence intérieur, de se connecter à un espace de concentration, de méditation, de se relier à qui on est. Et je trouve qu’il y a aussi tout un travail à faire autour de la valorisation de qui on est, car en tant que femme on a hérité de schémas et de croyances qui peuvent avoir tendance à nous couper de notre valeur. Ce que je vois, c’est que quand les femmes commencent à se regarder plus en face, à s’aimer vraiment pour elles-mêmes, elles sont plus facilement prêtes à valoriser le fait de ralentir, de respecter leur corps et leur nature cyclique, d’entrer dans une sexualité différente, de remettre en cause les schémas d’opposition entre la femme ayant une vie professionnelle et la mère de famille.

« Trouver sa liberté intérieure c’est aussi s’autoriser à se faire passer d’abord, à penser à soi, à s’écouter, à dire non. »

Dans ma pratique, je croise surtout des femmes qui ont entre 25 et 45 ans et qui se demandent comment concilier tous ces aspects de la vie, comment faire de la place à leur liberté. Ce sont surtout des citadines qui font du yoga, du développement personnel, qui semblent avoir beaucoup de liberté sur le papier, mais qui ont besoin de travailler sur leur liberté intérieure. Ce sont des femmes qui ont besoin de s’autoriser des choses qui ne sont pas tellement socialement acceptées, s’autoriser à dire qu’elles n’ont pas envie pour un temps de faire passer leur carrière professionnelle en premier ou s’autoriser à dire qu’elles ne veulent pas avoir d’enfant malgré le tabou qu’il y a autour de ça dans la société, et même s’autoriser simplement à se faire passer d’abord. Et ça je pense que c’est quelque chose qui est socialement lourd car on a l’habitude que la femme soit là au service de tout le monde, de son mari, de ses enfants, de son boss, de ses amis. On en vient à n’exister que parce qu’on est là pour les autres. Trouver sa liberté intérieure c’est donc aussi s’autoriser à se faire passer d’abord, à penser à soi, à s’écouter, à dire non.

camille sfez

Crédit : Editions Leduc

Quels conseils donnerais-tu à une femme qui voudrait faire ton métier et notamment animer des cercles de femmes ?

Je pense qu’il faut avant tout beaucoup pratiquer les cercles, y aller de manière régulière pour comprendre cette forme qui n’a pas d’âge. Dans toutes les traditions, les gens se retrouvent autour de l’arbre à palabre, autour du feu, et prennent la parole les uns après les autres. Il y a donc quelque chose de très simple dans les cercles de femmes mais en même temps de très codifié pour que ce ne soit pas un espace de bavardages. Il y a vraiment une manière de communiquer qui est particulière.

« La femme qui a pu travailler sur ses blessures va pouvoir accompagner les femmes à l’endroit où elle a réussi à apaiser ses blessures. »

Et si on veut animer des cercles de femmes, il faut aussi faire tout un travail sur le féminin, avoir un féminin intérieur avec lequel on est en contact et qui soit relativement apaisé, avoir accompli un travail transgénérationnel pour comprendre l’héritage de sa lignée maternelle et paternelle, comprendre la place des femmes dans les générations précédentes et comprendre ce qui se répercute dans notre vie en termes de schémas relationnels. C’est évidemment un travail sur le lien à l’homme, sur le fait de passer d’un statut potentiel de victime, de femme blessée, à un statut de guérisseuse guérie. La femme qui a pu travailler sur ses blessures va pouvoir accompagner les femmes à l’endroit où elle a réussi à apaiser ses blessures. Il y a donc tout un travail de pardon à réaliser autour des lignées maternelles, autour de l’homme, un travail précis et minutieux qu’on peut également réaliser par le biais des constellations familiales. De mon côté, j’ai beaucoup travaillé sur l’homme et sur le pardon dans le cadre du tantra pour apaiser la relation, la transformer. Pour moi, une femme qui se retrouve à cette place de guide doit au moins être en chemin sur ces questions. On n’a jamais tout réglé, mais je crois qu’une femme qui serait dans une colère profonde contre les hommes ne peut pas guider un cercle de femmes.

Ce qui n’est pas simple dans ce travail de cercles de femmes c’est que personne ne donne d’autorisation, qu’il n’y a pas de formation, qu’il y a autant de cercles que de femmes qui les animent. C’est pour cela que depuis quelques années j’accompagne des femmes qui ont envie d’animer des cercles, pour les éclairer sur le cadre, le déroulement, même si l’essentiel vient de leur cheminement personnel.

Qui sont les femmes qui t’ont inspirée et donné envie de faire ce que tu fais aujourd’hui ?

Il y a ces femmes que j’ai rencontrées et dont je parle souvent, Alisa Starkweather et Deanna Lam, qui ont créé des mouvements de Tentes rouges aux États-Unis. Il y a aussi Marisa Ortolan qui m’a initiée au tantra, Carol Anpo Wi qui m’a transmis le conseil des anciennes des treize lunes, Marie Motais qui fait un travail d’art thérapie autour de la danse.

Y a-t’il des lectures qui t’ont particulièrement influencée ?

Il y a évidemment Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estès, mais aussi Femme désirée, femme désirante de Danièle Flaumenbaum, Lune rouge de Miranda Gray, le travail d’Annick de Souzenelle et son livre Le féminin de l’être. Ce sont vraiment mes classiques, les livres qui ont été sur le début de mon chemin.

Qu’est-ce qui te fait envie aujourd’hui ?

Je m’intéresse de plus en plus au travail sur le corps sensible, c’est-à-dire à comment développer notre perception corporelle et notre sensibilité pour nous relier à d’autres dimensions. Cette thèse de la spiritualité a toujours été un fil conducteur dans ma démarche mais elle était un peu en arrière-plan et aujourd’hui je m’intéresse beaucoup au travail de la prière, au développement de la sensibilité pour s’ouvrir encore plus à l’instant présent et laisser couler la vie à travers nous. Je fais notamment tout un travail pour moi depuis quelques années autour du chant spontané. C’est quelque chose qui apparait un peu dans mes accompagnements aujourd’hui parce que je trouve que c’est un outil très intéressant qui nous permet d’apprivoiser notre vulnérabilité et finalement notre capacité à nous rendre disponible à ce qui est là.

Ton mot de la fin « nature » pour clore cette interview ?

J’ai découvert le travail des éco-féministes ces dernières années. La nature m’évoque cette correspondance qu’il peut y avoir entre la manière dont on prend soin de la nature et la manière dont on prend soin de notre corps en tant que femme.

Retrouvez Camille Sfez sur sa page Instagram @camille.sfez et sur son site Renouer avec son féminin.

camille sfez

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