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Portrait de Simone Veil, un esprit libre et indépendant

L’INDÉPENDANCE D’ESPRIT ET LA CONVICTION D’UNE FEMME AU SERVICE DES AUTRES

30 juin 2018

Simone Veil - Source LCI

Crédit : LCI

Le 30 juin 2017, il y a tout juste un an, s’éteignait l’une des femmes dont le travail et la détermination ont eu le plus d’impact sur la liberté dont nous jouissons aujourd’hui. Filles, femmes, mères, citoyennes ou résidentes françaises, nous bénéficions en effet d’un droit fondamental, celui de disposer librement de notre corps, grâce à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse dépénalisant l’avortement défendue par Simone Veil. 

Simone Jacob est née à Nice dans les Alpes-Maritimes le 13 juillet 1927 dans une famille juive, d’un père architecte et d’une mère qui avait commencé de brillantes études avant de se consacrer à ses quatre enfants. Son père perd le droit d’exercer sa profession avec le début de la Seconde Guerre Mondiale tandis que sa mère se débrouille tant bien que mal pour nourrir toute la famille.

Au mois de mars 1944, alors qu’elle vient de réussir son baccalauréat à l’âge de 16 ans, Simone est arrêtée lors d’un contrôle de rue. Les membres de sa famille connaissent le même sort. Son père et son frère sont déportés en Lituanie. Simone, sa mère et l’une de ses sœurs sont envoyées au camp de Drancy puis déportées à Auschwitz-Birkenau. Son autre sœur, qui avait déjà rejoint la résistance depuis plusieurs mois, est arrêtée en juin et déportée à Ravensbrück.

En arrivant à Auschwitz, Simone déclare avoir plus de 18 ans et évite ainsi l’extermination. Après des mois de travail forcé, la jeune fille, sa mère et sa sœur sont transférés à Bergen-Belsen. Sa mère y meurt du typhus, maladie dont sa sœur est sauvée in extremis grâce à l’arrivée des alliés en 1945. Simone et ses deux sœurs sont les seules survivantes de la famille Jacob.

A son retour en France, Simone obtient une licence de droit et le diplôme de l’Institut d’Études Politiques de Paris où elle rencontre Antoine Veil. Elle l’épouse et donne naissance à trois fils entre 1947 et 1954. Elle souhaite toutefois travailler et, après avoir réussi le concours de la magistrature en 1956, elle prend en charge les affaires judiciaires comme haut fonctionnaire de l’administration pénitentiaire, jusqu’à devenir secrétaire général du Conseil Supérieur de la Magistrature en 1970.

Après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, Simone Veil est nommée Ministre de la Santé sous le gouvernement de Jacques Chirac et le reste sous les gouvernements de Raymond Barre. C’est dans le cadre de cette fonction qu’elle est chargée de présenter un projet de loi dépénalisant l’avortement. Ce texte majeur, qui lui vaudra les foudres d’une partie de la classe politique ainsi que de nombreuses menaces et intimidations, est adopté le 29 novembre 1974 et entre en vigueur le 17 janvier 1975.

Photo de Simone Veil - Un portrait Numéro Une

Crédit : DR

« L’histoire nous montre que les grands débats qui ont divisé un moment les Français apparaissent avec le recul du temps comme une étape nécessaire à la formation d’un nouveau consensus social, qui s’inscrit dans la tradition de tolérance et de mesure de notre pays. »

Discours prononcé le 26 novembre 1974 à l’Assemblée nationale.

Son parcours politique se poursuit au Parlement Européen dont elle occupe le poste de Présidente de 1979 à 1982, après une élection au suffrage universel direct. Elle sera par la suite ministre des Affaires sociales dans le gouvernement d’Édouard Balladur (1993-1995) puis membre du Conseil Constitutionnel (1998-2007).

Bénéficiant d’une grande popularité, fidèle à son histoire et à ses combats, Simone Veil a également présidé la Fondation pour la mémoire de la Shoah (2000-2007), dont elle est devenue présidente d’honneur, et est entrée à l’Académie française en 2008. La station de métro parisienne « Europe » vient d’être rebaptisée « Europe-Simone Veil » pour rendre hommage à son engagement européen.

« Que serait devenu ce million d’enfants juifs assassinés, encore des bébés ou déjà adolescents, ici ou dans les ghettos, ou dans d’autres camps d’extermination ? Des philosophes, des artistes, de grands savants ou plus simplement d’habiles artisans ou des mères de famille ? Ce que je sais, c’est que je pleure encore chaque fois que je pense à tous ces enfants et que je ne pourrai jamais les oublier. »

Discours prononcé à Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 2005.

Avec Une vie, paru en 2007 chez Stock, Simone Veil signe une autobiographie à la tonalité libre, fougueuse et sereine. Elle y raconte son destin exceptionnel, un destin parsemé de trop nombreux drames à l’image de la mort dans un accident de voiture de sa sœur Milou et de son bébé quelques années après leur retour des camps, le destin d’une femme qui manifesta toute sa vie durant une profonde indépendance d’esprit. Une femme qui est toujours restée fidèle à ses convictions, bien au-delà des frontières des partis politiques. Une femme qui fit beaucoup pour les autres femmes. Une très belle autobiographie à découvrir ou à relire à la veille de l’entrée de Simone Veil au Panthéon, aux côtés de son époux.

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